Détection du RED-S syndrome

La difficulté de mettre des mots sur un RED-S syndrome est d’avoir le bon diagnostic et de mettre en lien des symptômes qui peuvent s’exprimer de différentes manières selon les sujets. Des études sont encore en cours pour mettre en exergue les zones d’ombres et celle qui méritent des études supplémentaires (1).
Mais d’abord un petit rappel sur ce qu’est le RED-S. Derrière cette appellation compliquée, révisé par des experts internationaux et le Comité International Olympique en 2014, se cache un ensemble de symptômes existant depuis longtemps chez les athlètes, mais encore peu compris et rarement réunis sous une même entité. Il s’agit de mettre un nom sur une condition bien spécifique (et pourtant pas tellement)
Le RED-S ou déficit énergétique relatif dans le sport est lié à un déséquilibre entre l’énergie que dépensées (entraînements, activités de la vie quotidienne, fonctionnement du corps au repos, croissance…) et l’énergie que accumulée (repas et apport nutritionnel, boissons, sommeil, récupération, gestion du stress…). Pour être en bonne santé, l’équilibre doit être maintenu (on reviendra sur les différentes balances plus tard dans cette article)
Actuellement on admet que les principaux signes cliniques peuvent s’exprimer sous divers plans.
L’état général du sujet se dégrade avec l’apparition de faiblesse générale, de fatigue, de problèmes de sommeil (difficultés d’endormissement et / ou insomnies), anémie, problèmes gastro intestinaux récurrents, pertes massives de cheveux (hors changement de saisons ou pertes épisodiques), intolérance au froid avec de potentiel hypothermies.
Chez l’adolescent cela pourra aussi se manifester par des retards de croissance ou un arrêt brutal de la courbe de croissance (2).
Dans l’axe de la fonction reproductrice, un RED-S pourra s’exprimer par une apparition très tardive des premiers cycles chez l’adolescente, et chez l’athlète féminine déjà réglée par de l’Oligo ménorrhée (cycles irréguliers ou plus long que ce qui est communément admis c’est-à-dire plus long que 35 jours. Chez les hommes, la libido chutera drastiquement [de Souza 1997 ; Cumming 1989 ; Hackney 1988 , Tenforde 2016]
D’un poids de vu osseux, des manifestations d’un RED-S pourront correspondre à des fractures de fatigue aussi bien dans le passé qu’actuelles (une fois le capital osseux atteint, il n’est pas sûre de pouvoir faire marche arrière et si lune reminéralisation osseuse est possible, elle prend du temps). Ici les sports dit portés comme le cyclisme ou la natation seront encore plus à risque.
Sur l’axe mental, un RED-S peut s’accompagner d’une baisse de moral, de nervosité chronique.
L’immunité pourra aussi être touché avec une occurrence plus fréquente de maladie chez un sujet atteint de RED-S notamment autour de l’arbre bronchique (bronchite, pneumonie)
Une piste essentielle à explorer est la balance énergétique. Il s’agit de l’énergie qui reste à disposition de votre organisme une fois que l’on aura déduit l’énergie nécessaire à l’activité physique et au NEAT (non-exercice activity thermogenesis soit plus pour vous donner des exemples l’énergie nécessaire à vous déplacer, monter les escaliers, faire du ménage… etc) de manière relative à vos masse maigre.
[Energie alimentaire consommée (en Kcal) – énergie dépensée (en Kcal)] / masse maigre en kilo
Résultats
Au dela de 45 kcal, il s’agit d’un surplus énergétique qui sera recherché dans des stratégie de prise de masse
Autour de 45kcal / kg, il s’agit d’une valeur saine
De 35 à 45 l’énergie disponible est réduite mais toujours adéquate pour une perte de poids ou un maintien de poids de forme dans une période ou l’activité physique est nettement réduite
En dessous de 35, l’énergie disponible pour maintenir les fonctions du métabolisme de base à un niveau optimal n’est plus suffisante. C’est à ce moment la que les conséquences physiques commenceront à se manifester sur l’organisme (liste des symptômes possible cités précédemment). À 30kcal / kg MM, il s’agit de la limite pour parler de vrai déficit énergétique. Autour de 20 kcal / kg MM on parle de déficit modéré et en dessous de 10 kcal / kg MM il s’agit de déficit énergétique sévère. Dans le monde du cyclisme de haut niveau, il est courant que les coureurs soient en zone de déficit énergétique sévère avec une énergie disponible autour de 8 kcal / kg MM [Vogl et al 2005]
Il y a toutefois deux limitantes à cette formule.
- Il n’est pas évident lorsque l’on ne consulte pas un professionnel compétant de forcément connaitre sa masse maigre. Il existe différentes méthodes de calcul afin d’obtenir cette variable
- Utilisation du balance connectée d’impédancemétrie qui pourra donner une valeur approximative de la masse maigre
- La mesure des plis sous cutanés
- L’examen par DEXA (qui pourra s’avéré couteux)
- La difficulté de savoir combien de calories sont exactement « brûlées » dans les activités sportives et dans le NEAT au quotidien. En effet, même les montres connectées portées au quotidien pourront donner des valeurs erronées des calories consommées, l’erreur est en moyenne de 13% selon les dernières études.
Il est donc important de vous rapprocher d’un professionnel spécialiste de la question de RED-S.
D’autres variables pourront être utilisées pour détecter un RED-S notamment les bilans sanguins qui titreront les dimensions suivantes :
- Taux de fer et si nécessaire hémogramme complet
- Résistance à l’insuline
- Cobalamine (B12)
- Acide folique (B9)
- Carotène (ou vitamine A)
- Bilan de l’amylase
Et hormonaux :
- Hormones sexuelles avec les taux de LH, FSH, œstradiol, testostérone, échographie des ovaires pour détecter la présence de follicules qui ne sont éventuellement pas arrivés à maturité
- Prolactine
- Test des hormones thyroïdiennes (TSH, T3, T4)
- Cortisol
- IGF-1
- Taux de ghréline et de leptine
En ce qui concerne la densité minérale osseuse, et selon la durée du RED-S il pourra être nécessaire de faire des tests complémentaires comme la mesure de la densité minérale osseuse avec un DEXA scan et un électrocardiogramme pour détecter d’éventuel problèmes cardiaques comme de l’arythmie ou de la bradycardie (voire la combinaison des deux).
Finalement plus tôt le RED-S sera détecté et traité de manière approprié avec notamment un gros focus sur la nutrition, moins les effets collatéraux seront importants.
Il n’existe pas encore de panacée et de questionnaire parfait pour détecter un REDS aussi parce que les symptômes peuvent être multifactoriels. Le RED-S sera aussi plus vite détecter chez la femme sportive du fait de l’apparition de troubles des cycles qui restent quand même bien plus visible (la face visible de l’iceberg) que le reste des symptômes qui doivent des fois être extrême pour être détecté.
Le test le plus utilisé actuellement est le questionnaire LEAF que j’ai traduit en français et qui est accessible ci-dessous:
Si vous avez un doute, n’hésitez pas à télécharger ce fichier excel et à me contacter pour une préconsultation pour en discuter.
- De Souza, M.J., Strock, N.C.A., Ricker, E.A. et al. The Path Towards Progress: A Critical Review to Advance the Science of the Female and Male Athlete Triad and Relative Energy Deficiency in Sport. Sports Med 52, 13–23 (2022). https://doi.org/10.1007/s40279-021-01568-w
- Gould RJ, Ridout AJ, Newton JL. Relative energy deficiency in Sport (RED-S) in adolescents – A practical review. Int J Sports Med. 2022 Sep 19. doi: 10.1055/a-1947-3174. Epub ahead of print. PMID: 36122585.